Education : comment canaliser un enfant turbulent

Votre enfant est une mini-tornade sur pattes ? Normal, à son âge ! Mais il ne faudrait pas que son énergie débordante devienne un problème, pour lui ou pour vous, à l'école ou à la maison. En cinq étapes, le plan d'action de  notre coach Catherine Marchi pour canaliser sa belle énergie.

Votre mini-tornade ne tient pas en place et vous n’arrivez pas à gérer son agitation incessante et bruyante… Rassurez-vous, il existe des stratégies efficaces pour aider votre pile électrique à réguler son énergie trop débordante. Suivez les conseils de notre coach Catherine Marchi pour faire baisser la pression…

Etape 1 : je dédramatise

Les tout-petits sont naturellement remuants : ils ont besoin de ramper, toucher, explorer,  bouger, courir, sauter, escalader… Tout simplement parce que c’est par la motricité qu’ils 
développent leur intelligence. Vous trouvez que le vôtre est particulièrement speed et agité ? Réjouissez-vous car c’est un signe d’éveil intellectuel, et au fil de son développement psychomoteur, il s’investira dans des occupations plus calmes. 
Vous aimeriez qu’il soit plus tranquille ? La première chose à faire est de lui renvoyer une image positive de lui-même. Votre bulldozer est dynamique et plein de vie, félicitez-le pour sa belle énergie et réjouissez-vous car il déploiera la même vitalité pour apprendre à se dépasser en grandissant. Souvenez-vous que le problème provient du comportement de votre bout de chou, pas de lui. Vos remarques et le regard que vous portez sur lui sont essentiels pour qu’il se sente bien dans sa peau et développe une bonne confiance en lui. Si vous lui signifiez continuellement qu’il est dur et qu’il vous épuise, il va se construire une image négative de lui-même, et c’est tout le contraire de ce que vous souhaitez. Acceptez qu’il ne réagisse pas comme vous. Si vous êtes plutôt d’un naturel calme et posé et que vous étiez un enfant tranquille, votre enfant lui, est différent et ne ressemble qu’à lui-même. 
Ne lui collez surtout pas l’étiquette, trop vite dégainée ces derniers temps, d’enfant hyperactif ! L’hyperactivité associe trois symptômes : un trouble de l’attention (incapacité à se concentrer), de l’agitation permanente et de l’impulsivité. Si votre enfant est très actif mais qu’il peut aussi se poser pour écouter une histoire, faire de la pâte à modeler ou toute activité qui lui plaît, il est juste turbulent, et vous pouvez l’aider à se canaliser.

“C’est par la motricité que les enfants développent leur intelligence.”

Etape 2 : je cherche à comprendre pourquoi mon enfant est si remuant

Pour aider votre petit cyclone à s’apaiser, il est essentiel de comprendre pourquoi il est si excité. Les parents d’aujourd’hui stimulent énormément leurs bébés, c’est positif car ils sont très éveillés, mais le côté négatif d’une surstimulation, c’est qu’ils s’habituent à ce que les activités s’enchaînent sans prendre le temps de rêvasser. 
Demandez-vous si vous laissez à votre enfant assez d’occasions de ne rien faire : les enfants ont besoin de s’ennuyer ! Dans ces moments-là, ils pensent et trouvent des idées pour s’occuper par eux-mêmes. Vérifiez l’emploi du temps de ses journées. Son rythme de vie est peut-être trop intense ? Ou c’est peut-être le vôtre qui est tellement effréné que vous n’avez plus assez de temps pour être disponible ! En particulier depuis que vous avez repris le travail. L’agitation est souvent un signal d’appel, un moyen pour attirer l’attention d'un parent trop occupé et pas assez présent au goût de l'enfant. 

Prenez l’habitude de planifier des moments rien que pour votre enfant dans votre emploi du temps quotidien, même s’il est surchargé. Quand vous rentrez du travail par exemple, posez-vous une demi-heure et jouez avec lui, avant de vous occuper du bain et du dîner, et du reste. Le matin, prenez le temps de partager un petit-déjeuner sympa en famille. Échangez régulièrement avec lui sur les événements qui ont ponctué sa journée. Racontez-lui des histoires le soir au coucher.
Une autre cause fréquente d’excitation est la fatigue physique. Si vous observez que votre enfant ne tient pas en place à la sortie de la crèche ou de l’école ou parce qu’il n’a pas fait de sieste, c’est qu’il est épuisé et n’a pas son comptant de sommeil. Soyez plus ferme sur l’heure du coucher et sur les siestes, et vous verrez qu’il sera plus calme. Un enfant peut aussi devenir très turbulent quand ses parents ou ses proches vivent des événements anxiogènes, un déménagement, une perte ou un changement d’emploi, une séparation, l’arrivée d’un autre enfant… Si c’est votre cas, rassurez votre enfant, parlez avec lui, dédramatisez la situation et il s’apaisera.

Le témoignage de Mélissa : « Carla et Micha ont besoin de se défouler !  »

Nos deux enfants sont très remuants et on profite des vacances pour lâcher la bride. L’été dernier, on a loué un chalet dans les Vosges. Ils ont fait du poney, des pique-niques au bord d’un étang, des baignades dans un torrent. Avec leur papa, ils ont construit une cabane, une mangeoire pour les oiseaux, une balançoire. On les a laissés se rouler dans l’herbe, grimper sur le tas de bois, se salir, courir sous la pluie. On s’est rendu compte à quel point ils manquent d’espace dans notre petit appart en ville. Et du coup, on songe à déménager pour s’installer dans une maison avec un grand jardin.
Mélissa, maman de Carla, 4 ans, et de Micha, 2 ans et demi.

Etape 3 : je lui donne un cadre clair

Pour inciter votre enfant à être moins remuant, il est important de lui expliquer les comportements qui posent problème et ce que vous attendez exactement de lui. Posez de nouvelles règles claires, mettez-vous à son niveau, regardez-le dans les yeux et dites-lui calmement ce qui ne va pas. « Je ne veux pas que tu coures sans arrêt, que tu joues au ballon dans l’appartement, que tu touches à tout sans ma permission, que tu ne finisses pas un jeu que tu as commencé… »Et dites-lui ensuite ce que vous préférerez qu’il fasse à la place. 

Répétez les règles à chaque fois qu’il se comporte de façon inadaptée. Il ne va pas changer en une fois. Expliquez-lui que son agitation n’est pas appréciée en société, qu’elle dérange son enseignante, ses grands-parents, sa nounou, les autres enfants… Apprenez-lui à réfléchir sur “comment se comporter” en société pour être apprécié. Recadrez-le aussi souvent que nécessaire en restant zen, mais ne répondez pas à son agitation de manière répressive, car les punitions (ou pire une fessée) sans qu’il comprenne pourquoi il fait mal ne feraient qu’ancrer davantage le problème. Et n’hésitez pas à lui confier des responsabilités : mettre le couvert, vous aider à ranger les courses ou à préparer le repas. Vous l’aiderez ainsi à trouver une place bien à lui et un rôle bien ancré dans la famille. Il n’aura plus besoin de courir dans tous les sens pour trouver sa place !

“Quand vous parlez à votre enfant, mettez-vous à son niveau, regardez-le dans les yeux et dites-lui calmement ce qui ne va pas.”

Etape 4 : je lui propose des activités intéressantes

Dès que vous sentez que votre cyclone monte en puissance, intervenez. Prévenez-le que vous le trouvez beaucoup trop énervé et proposez-lui des activités alternatives qui vont l’intéresser. Il n’est pas question de l’empêcher de bouger, car il en a besoin, mais de l’aider à canaliser son extraordinaire énergie. 
Comme votre ouragan a un besoin impétueux de se dépenser,vous pouvez opter pour des activités physiques en extérieur, aller au parc, faire une balade en forêt, une partie de foot, du tricycle, de la trottinette… Il pourra ainsi utiliser son énergie physique de façon limitée dans le temps et pas non-stop.

En alternance aux activités motrices, prévoyez des temps calmes où il pourra jouer avec ses peluches et ses figurines, des jeux de construction. Des activités manuelles : invitez-le à dessiner et/ou peindre, à faire de la pâte à modeler ou un spectacle de marionnettes, à se déguiser. Ouvrez un livre illustré et installez-le sur vos genoux pour que vous puissiez le lire ensemble. Asseyez-vous avec lui pour regarder un petit dessin animé, mais ne le laissez pas devant les écrans (télé, tablette, ordi, smartphone) des heures sous prétexte qu’il se tient enfin tranquille, car cela ne fait que l’exciter davantage et c’est une bombe à retardement… Vous pouvez aussi lui faire un gros câlin dans vos bras car c’est un calmant très efficace. Et s’il est partant, proposez-lui un petit exercice de relaxation (voir encadré ci-dessous). Pour capter son attention, allumez une bougie et demandez-lui de l’éteindre en soufflant doucement sur la flamme plusieurs fois de suite.

Petit exercice de relaxation
L’enfant s’allonge sur un tapis au sol, ferme les yeux, avec son doudou posé sur le ventre (ou un 
ballon) pour faire monter et descendre l’ascenseur ! Il inspire en gonflant le ventre (l’ascenseur monte), il expire en soufflant (l’ascenseur descend).

Etape 5 : je le félicite  et j’encourage ses efforts

Comme tous les parents (ou presque…), vous avez tendance à pointer du doigt ce qui ne va pas et oublier de mentionner ce qui va bien. Quand votre petit bolide prend un livre, se pose pour réaliser une activité, cesse de courir partout quand vous le lui demandez… félicitez le chaudement ! Dites-lui qu’il peut être fier de lui, donnez-lui éventuellement une petite récompense (un tour de manège, un nouveau livre, une figurine…) pour l’encourager à recommencer. Pas tout le temps bien sûr, il faut que cela reste exceptionnel pour être motivant.