Sénégal : Marie Madeleine Diouf, magnifier les textiles africains

À la tête de la marque NuNu Design by DK, la créatrice sénégalaise mise sur la recherche textile pour développer ses collections, entre création et engagement.

Sur le pagne, le dégradé de couleur s’étend du fuchsia profond au rose clair, avec des nuances de mauve. Il s’obtient en utilisant des bourgeons de cactus, que l’on fait tremper pendant des heures dans l’eau pour en retirer les épines, avant de les écraser au pilon et au mortier. On laisse ensuite le tissu s’imprégner de la substance obtenue, d’un rouge rose profond. « Une teinte comme celle-ci, c’est impossible à trouver en industrie », sourit Marie Madeleine Diouf. Encore faut-il parvenir à la fixer sur le pagne. « Qu’on fasse sécher les tissus à froid ou au soleil, la couleur a tendance à s’altérer. Il faudrait que l’on trouve un moyen de la conserver naturellement », ajoute la créatrice.

Depuis qu’elle a ouvert sa propre boutique, NuNu Design by DK, dans la capitale sénégalaise, la Dakaroise expérimente autant qu’elle le peut de nouveaux tissus et de nouveaux procédés de peinture pour créer ses pièces. Cette teinture au cactus, elle l’a testée au début de l’année lors d’un atelier réalisé au cours d’une résidence à Gandiol (Saint-Louis) avec des femmes de la région. Elle a également expérimenté la teinture à l’argile, qui est tamisée et qu’on laisse macérer avant de la mêler aux tissus, auxquels elle donne un ton ocre et naturel. « L’idée, c’est de partager notre expérience avec ces femmes, afin qu’elles puissent l’intégrer et l’utiliser pour leurs commerces », détaille Marie Madeleine Diouf. Une expérience qu’elle a elle-même acquise en autodidacte.

Tissus traditionnels et style moderne

Avant de se lancer dans la mode et le design, cette entrepreneuse de 41 ans était assistance médicale. En 2015, lassée par son domaine d’expertise, elle décide de démissionner pour lancer son propre business, en dépit des mises en garde de ses proches. « J’ai commencé sans vraiment savoir où j’allais, avec 60 000 F CFA de fonds de commerce et ma petite machine à coudre personnelle. Mais je n’ai pas hésité. J’avais envie de faire ce qui me plaisait. »

Avec une idée de départ : promouvoir à travers ses collections les tissus, les savoir-faire et l’héritage culturel du continent. Dans sa petite boutique nichée au cœur du centre-ville de Dakar, les pièces font la part belle aux tissus et aux coloris typiques de la sous-région. À l’arrière de la salle de vente et dans la cour intérieure, les couturiers s’affairent et les pagnes indigo, trempés dans l’eau et le vinaigre pour maintenir leur couleur, sèchent au soleil. Lire plus jeuneafrique.com