Attention aux conseils nutritionnels sur les réseaux sociaux

Nombreux sont les internautes à partager leurs avis ou conseils en matière d’alimentation sur les réseaux sociaux. Mais les fausses informations pullulent.

Facebook, Instagram, Snapchat, Whisper, Tweeter… Les réseaux sociaux regorgent de posts, tweets, likes sur l’alimentation et la nutrition. En 2017, plus de 208 millions de messages ont été estampillés #food (alimentation)! Selon une étude de Digimind, société spécialisée dans l’exploitation des données sur internet, pas moins de 29% des internautes partagent désormais des photos de plats appétissants, et jusqu’à 50% pour les 18-24 ans.

29% des internautes partagent désormais des photos de plats appétissants, et jusqu’à 50% pour les 18-24 ans.

Mais en croyant bien faire, les internautes risquent de glaner de fausses informations, voire de modifier négativement leur comportement alimentaire. C’est ce que montre une étude écossaise qui dresse un bilan sévère. Les chercheurs ont analysé les neuf blogs les plus populaires sur la gestion du poids avec au moins 80.000 inscrits pour chacun, et une présence sur deux réseaux sociaux au moins.

Verdict: un seul d’entre eux respectait les recommandations en matière de nutrition et s’est révélé vraiment fiable. Il s’agissait d’une personne diplômée et inscrite comme nutritionniste auprès de l’association britannique de sa profession. Tous les autres étaient hors des clous. En outre, certains blogs généraient des attentes irréalistes, des complexes ou des comportements inappropriés.

« Il y aura toujours quelqu’un pour vous recommander de ne pas boire de lait, de ne pas prendre de gluten, de renoncer à la viande ou de limiter la consommation de végétaux en raison des pesticides. »

«Il y aura toujours quelqu’un pour vous recommander de ne pas boire de lait, de ne pas prendre de gluten, de renoncer à la viande ou de limiter la consommation de végétaux en raison des pesticides. Des individus font d’une cause personnelle une information négative virale», regrette le Dr Jean-Michel Lecerf, chef du service nutrition et activité physique au CHU de Lille. Sans compter que les entreprises agroalimentaires accroissent leur présence sur ces médias de façon insidieuse avec des communications à but commercial.

Or en matière de nutrition, l’impact peut être fort. Une étude de l’Inpes, agence française de santé publique, montre que les changements de comportement en matière de nutrition dépendent essentiellement du soutien social, de la comparaison avec les pairs, ou encore des retours d’expérience des proches. Et les chercheurs en santé publique qui utilisent les réseaux sociaux pour diffuser à moindre coût des messages positifs se heurtent à un problème majeur: le concept même de ces réseaux est de «picorer de l’information». Les adeptes suivent un temps les conseils, puis abandonnent, bientôt happés par une autre discussion…

«Une éducation nutritionnelle peut se faire en ligne, en consultant des sites officiels comme celui du Programme national nutrition santé (PNNS). Par contre, une personne qui doit vraiment perdre du poids ou changer ses habitudes alimentaires peut perdre un temps précieux en se reposant sur les conseils des autres, notamment via les réseaux sociaux», rappelle Béatrice de Reynal, nutritionniste. «Seule une consultation avec un médecin ou un nutritionniste permet un diagnostic, des conseils personnalisés - et des stratégies pour les mettre en place.»