A Mogadiscio, une jeune femme défie les stéréotypes au volant de son taxi

Dans l’un des pays les plus dangereux et conservateur au monde, Asha Mohamed parcourt les routes de la capitale somalienne tous les jours depuis un an. Un métier qu’elle exerce par nécessité mais aussi par passion.

Elle fait figure d’exception. Asha Mohamed, dix-neuf ans, divorcée, sillonne chaque jour la capitale somalienne Mogadiscio à bord de son taxi blanc. En Somalie, pays réputé pour être l’un des plus dangereux pour les femmes, cette démarche n’est pas anodine. En 2012, le pays figurait parmi les quatre moins bien classés au monde dans l'Indice d'inégalité de genres (IIG) du Programme des Nations unies pour le Développement (Pnud). L'agence onusienne y pointait une situation « alarmante » pour les droits des femmes. « Les femmes souffrent d'une exclusion et d'une inégalité sévères dans tous les domaines de l'indice (santé, emploi...) » et les « lois traditionnelles, utilisées à la place d'un système judiciaire d'État, sont hautement discriminatoires envers les femmes », soulignait ce rapport. Derrière son acte, ce sont toutes les conventions d’un pays que défie la jeune conductrice, au péril de sa vie.

« JE VOULAIS DEVENIR PILOTE »

Asha Mohamed s’est lancée dans cette carrière après avoir divorcé de son époux à qui elle avait été mariée à l'âge de 16 ans. Ce choix professionnel, rare et mal perçue dans une société somalienne dominée par un islam conservateur et au fonctionnement clanique et patriarcal, s'est doublée d'un autre défi : trouver un emploi pour subvenir aux besoins de ses deux enfants et de sa mère, chez qui elle vit désormais.

Le métier de taxi, bien qu'habituellement réservé aux hommes et particulièrement exposé dans une ville réputée pour son insécurité, a semblé presque naturel pour la Somalienne. « Dans mon enfance, j’étais passionnée par les voitures, je voulais devenir pilote un jour », raconte celle qui joue parfois à des jeux vidéo de voitures sur son téléphone.

« Je ne pensais pas à chauffeure de taxi au départ. Mais quand la société Rikaab Taxi a été créée l’année dernière, j’ai décidé de les rejoindre, surtout qu’il n’y avait aucune femme à l'époque. J’ai vu une belle opportunité », explique-t-elle. Lire la suite sur elle.fr