Conflits, climat et pandémie : ces crises qui accentuent les violences sexuelles et sexistes

En jetant sur les routes des millions de déplacés, les conflits en cours, mais aussi la pandémie de Covid-19 et les catastrophes naturelles, ont fragilisé des populations entières, en particulier les femmes, et multiplié les cas de violences sexuelles. Alors que vient de se dérouler la Journée mondiale de l’aide humanitaire, il faut rappeler l’ampleur de ces crimes et appeler à l’action.

Le viol est utilisé dans les conflits comme une stratégie militaire délibérée et est redouté par les femmes et les jeunes filles dès que les tirs retentissent.

Elles ont raison de s’inquiéter. À l’occasion de la Journée mondiale de l’aide humanitaire, qui a eu lieu le 19 août, il est important de souligner à quel point le viol et les autres formes de violence sexuelle et sexiste sont devenus monnaie courante dans les contextes de crise humanitaire dans le monde entier.

Les cas de violences sexuelles liées aux conflits ne cessent de se multiplier. En 2022, le Conseil de sécurité des Nations unies a rapporté que 49 groupes sont régulièrement soupçonnés de viols ou d’autres formes de violence sexuelle dans des zones de conflit armé, ou d’en être responsables.

Manœuvre visant à terroriser la population
Des témoignages semblables à celui de cette femme originaire de l’Équatoria-Central, au Soudan du Sud, sont malheureusement trop fréquents. Attaquée par des soldats dans sa propre maison, elle raconte : « Après qu’un homme m’a mordue, un autre a pointé son arme directement sur ma poitrine et m’a dit que si je ne les acceptais pas, il me tuerait ». Ses enfants, terrifiés, étaient à proximité pendant que cette violation des droits humains se perpétrait.

L’EFFONDREMENT DES NORMES SOCIALES DONNE AUX HOMMES ARMÉS LA POSSIBILITÉ DE S’ATTAQUER AUX FEMMES
Les actes de violence sexuelle et sexiste se développent chaque fois qu’un conflit armé éclate, car la peur, le chaos et la confusion offrent une couverture parfaite aux auteurs de ces actes. Les conflits exacerbent les inégalités entre les sexes, qui touchent de manière disproportionnée les femmes et les filles dans le monde entier, et aggravent les niveaux de violence dont elles sont victimes.

L’effondrement des normes sociales, des contraintes juridiques et des protections communes donne aux hommes armés la possibilité de s’attaquer aux femmes, aux filles et aux adolescentes vulnérables. Il s’agit souvent d’une manœuvre préméditée visant à terroriser la population.

Les conflits et les catastrophes naturelles brisent les familles, déplacent les femmes, les filles et les adolescentes et les forcent à se retrouver dans des camps de réfugiés et d’autres lieux peu sûrs. Ils les éloignent de leur communauté, des structures sociales et des réseaux de soutien, ainsi que des services sociaux et de santé.

Dans ces contextes, elles sont beaucoup plus exposées à des actes de violence basés sur le genre et sont extrêmement vulnérables aux atteintes physiques, sexuelles et psychologiques. Par exemple, en 2021, les violences à l’égard des femmes et des filles représentaient 97 % des cas de violence sexuelle liés aux conflits signalés.

Absence de canaux de migration sécurisés
Les femmes, les enfants et les adolescents en situation de migration sont également exposés à un risque accru de violence sexiste en raison de l’absence de canaux de migration sécurisés et réguliers. Cette situation est exacerbée par un accès inadéquat aux services et aux informations, notamment sur les droits, ainsi que par les barrières linguistiques et par le manque ou l’absence de possibilités de travail décent et d’éducation.

Une étude menée auprès des migrants et des réfugiés à la frontière entre la Colombie et le Venezuela a permis de classer la gestion des soins et la prévention des actes de violence sexuelle et sexiste parmi les dix principaux besoins non satisfaits en matière de santé sexuelle et reproductive. LIRE PLUS SUR JEUNEAFRIQUE