L'histoire méconnue des descendants d'Africains en Inde

Ce sont les descendants d'esclaves et de mercenaires venus d'Afrique à partir du XIIIe siècle. Les Sidis sont un peu plus de 40 000 en Inde et vivent dispersés dans des régions reculées de l'ouest et du sud du pays. De leur continent d'origine, ils ont préservé leurs traditions de musique et de danse, qui restent pour beaucoup un moyen de subsistance. Certains se battent aujourd'hui pour aider et unir leur communauté qui continue de vivre dans des conditions précaires.

De notre correspondant à New Delhi

Wassim Jamadar se concentre et attend la fin de la prière du muezzin pour pouvoir entonner quelques notes de Malunga. Depuis sa chambre en terrasse dans la maison familiale à Bhuj, dans la région occidentale du Gujarat, cet employé de banque de 29 ans s'entraîne dès qu'il a un moment de libre. Il y a trois ans, il s'est mis à apprendre à jouer de cet instrument emblématique de la communauté sidi. Pour lui, c'est une manière de renouer avec ses racines africaines lointaines, qu'il redécouvre aujourd'hui avec passion. « J'ai donné des concerts en Inde et aussi en Afrique en 2012. Pour moi, c'était une expérience unique. Je suis revenu sur la terre de mes ancêtres et le public était content de voir cet instrument, de savoir qu'après plusieurs siècles, la culture africaine était encore présente en Inde. »

La Malunga et d'autres instruments comme le Murguman, un grand tambour que l'on trouve dans les dargah - les lieux saints musulmans soufis - de la communauté sidi, ont traversé l'océan il y a plusieurs siècles. Ils ont fait le voyage avec les esclaves emmenés en Inde par les marchands arabes puis par les Portugais. Leur nom vient du swahili, langue d'Afrique de l'est désormais oubliée par les sidis d'Inde, mais dont on trouve encore des traces dans la musique. Depuis une dizaine d'années, des groupes de danse et de musique sidis, connu sous le nom générique de « Sidi Goma », un dérivé du mot swahili « ngoma », qui signifie danse, se produisent régulièrement en Inde et à l'international. Lire la suite sur rfi.fr