"travailler pour devenir comme tout le monde", l'histoire d'Eloïse, atteinte de trisomie 21

Eloïse, 20 ans, atteinte de trisomie 21, a décroché un CDI à la bibliothèque municipale de Carpentras. Victoire pour la jeune femme qui s'est battue contre préjugés, refus et complications administratives.
"J'ai retrouvé la joie de vivre de ma fille", se réjouit la mère, Cécile Sarrazin, des trémolos dans la voix. Ce mardi matin 5 juillet, Éloïse, atteinte de trisomie 21, s'est rendue à la bibliothèque municipale de Carpentras. En tant que salariée.

Pour son premier jour, son frère Clément, 14 ans, sa sœur Pauline, 17 ans, et sa mère l'ont accompagnée à pied, fiers et heureux. "Depuis, je me retiens d'aller la voir, je ne veux pas faire la maman relou, mais j'ai carrément envie de déployer une banderole pour lui dire bravo".

Travailler "pour être comme tout le monde"

Quand on lui a demandé pourquoi elle voulait travailler, Éloïse a répondu: "Pour être comme tout le monde". Une réponse qui semble évidente. Pourtant, le chemin a été long. Pendant un an, Éloïse a envoyé des CV, elle a attendu et essuyé les refus. Farouchement optimiste, elle y a toujours cru. "Moi j'avoue que j'ai eu des moments de doute", reconnaît Cécile.

Technicienne de cinéma, mère de trois enfants qu'elle a élevés seule, Cécile Sarrazin blâme les institutions plutôt que les gens. "Éloïse n'a jamais eu de soucis autres que l'administratif, parce qu'on la met dans des cases. Pour une personne en situation de handicap, tout est plus long."

Trisomie, des préjugés encore trop ancrés

Pour Cécile, les jeunes sont beaucoup plus tolérants. "Ils entendent le mot "inclusion" depuis des années, nous on ne le prononçait jamais. J'ai entendu le mot 'mongol' dans la bouche de soixantenaires, jamais de la part des jeunes".

Les amis et les proches de la famille, "très présents", ont toujours apporté leur soutien. Surtout dans les moments difficiles.

Comme lorsque la maison départementale des personnes handicapées (MDPH) a refusé qu'Éloïse soit scolarisée dans un lycée avec d'autres élèves en situation de handicap, via le dispositif Ulis. La notification est tombée après un an d'attente, des "dossiers perdus" et pas mal de désespoir. Sa place se trouvait dans un institut médicoéducatif, lui disait-on. LIRE PLUS SUR france3