Octobre rose : À 31 ans, Caroline raconte le dépistage de son cancer du sein

Si le cancer du sein est le plus fréquent en France et représente la première cause de décès par cancer chez la femme, sa mortalité est en baisse et il reste rare chez les jeunes femmes. À l’occasion d’Octobre rose, campagne destinée à sensibiliser au dépistage du cancer du sein, nous nous sommes entretenus avec la pétillante Caroline.

Lorsque l’on rencontre Caroline, on se demande d’où vient toute cette énergie, cette joie de vivre et cette sympathie qui émanent d’elle. On se dit qu’elle doit avoir une chouette vie, cette femme, pour être aussi positive. D’ailleurs, elle a un emploi salarié qu’elle aime beaucoup, elle vient de créer une entreprise très prometteuse et vit avec celui qu’elle considère comme l’homme de sa vie. Caroline a reçu beaucoup d’amour dans son enfance, avec un père qui lui a transmis l’importance de l’humour et une mère très forte, qualité dont elle a hérité.

À 24 ans, elle perd son père d’un cancer du poumon, puis sa mère, quelques années plus tard, d’un cancer généralisé. « Elle avait eu un cancer du sein en 1994, elle a connu plusieurs récidives, mais elle avait toujours la force de se battre », raconte Caroline.

Après ces épreuves, même si la psychothérapie l’a beaucoup aidée, elle s’est dit qu’il fallait qu’elle quitte Lille, sa ville natale. Malte a été le premier pas vers un ailleurs, des ailleurs : « une révélation » qui l’amènera à entamer un tour du monde en solo pendant un an. « Ce tour du monde m’a permis de me connaitre, d’affronter mes peurs, de me confronter à moi-même et m’a montré que la vie est belle, en fait. Je suis rentrée de mon tour du monde heureuse, épanouie et je me suis installée à Marseille », une ville d’accueil, de mixité, une ville aux multiples facettes, qui lui rappelle son tour du monde.

Juste après le confinement, Caroline raconte : « j’ai eu ma poitrine qui a gonflé, mon copain et mes amies me disaient “tu ne serais pas enceinte ? ” ». Elle porte un stérilet en cuivre, le test de grossesse est négatif, elle décide donc d’aller chez la gynécologue, qui confirme que ses seins sont en effet particulièrement gonflés, mais ne sent pas de boule à la palpation. Elle lui suggère tout de même d’aller faire une mammographie. « Bon c’est l’été, on est déconfiné, je me sens bien, j’ai envie de faire plein de choses, la mammographie, on verra ça plus tard », se dit Caroline.

« Vous avez un cancer du sein »

En septembre 2020, elle fait sa mammographie, suivie d’une échographie mammaire qui montre « une petite boule », on lui donne alors rendez-vous pour une ponction. Sept jours plus tard, « on m’appelle en me disant “venez chercher vos résultats le plus vite possible” et, le plus vite possible, ça sent pas bon », raconte Caroline.

Lorsqu’elle s’y rend, le 23 septembre, le médecin la reçoit « avec un air grave » et lui annonce que les résultats ne sont pas bons : « vous avez un cancer du sein ». « Là, j’ai commencé à voir des points blancs, j’ai senti le vertige arriver, j’avais chaud, j’ai demandé à enlever le masque ». Le médecin la rassure, lui dit que ça se guérit bien, mais Caroline entend « un mot sur trois ».

À ce moment-là, elle ne craque pas, elle ne réalise pas vraiment, mais comme son entourage était au courant de son rendez-vous, « il a fallu en parler », dit-elle. Et c’est en prononçant les mots « j’ai un cancer du sein » que Caroline s’effondre et panique.

Quelques jours plus tard, elle a rendez-vous avec un chirurgien. Rendez-vous auquel elle est obligée d’assister seule à cause des mesures sanitaires actuelles « ça, c’est très dur, parce qu’on vit déjà un moment difficile, et on ne peut même pas être accompagné par quelqu’un qu’on aime et qui nous soutient. »

Le chirurgien lui apprend qu’elle est atteinte d’une forme de cancer très agressive, qui va nécessiter un traitement très lourd, mais qu’elle a « 8 chances sur 10 » de s’en sortir. Elle est sonnée. En sortant, elle vomit sur le parking de l’hôpital.

Souhaitant un deuxième avis, Caroline se rend à l’Institut Paoli Calmette (IPC), l’un des 18 centres régionaux de lutte contre le cancer en France. À l’IPC, elle est reçue par une chirurgienne « très rassurante, douce », qui lui annonce la suite du processus.

« J’ai une boulette qui squatte mon sein »

Selon Caroline, les pensées négatives entravent la guérison. Elle a décidé d’appeler sa tumeur boulette : « je l’appelle comme ça parce que les mots tumeur et cancer sont des mots très graves, très négatifs. Alors, pour moi, ce truc-là, c’est une boulette qui est arrivée dans ma vie. Je l’accepte, elle est là, mais par contre je ne l’ai pas invitée, elle ne paye même pas le loyer, dit-elle en riant, je ne vais pas lui donner de l’amour quand même, mais je sais qu’elle va m’apporter du bon, parce que je vais changer, je vais voir les choses différemment, je vais mieux manger, prendre plus soin de moi, ça va m’apporter beaucoup de sérénité après, quand tout cela sera fini ». LIRE PLUS SUR PASSEPORTSANTÉ