Allaitement : les incidents possibles lors des premières tétées

Lorsque les mamans sont confrontées à des difficultés au début de l’allaitement, elles se découragent souvent, arrêtent d’allaiter...
et le regrettent par la suite. Voici quelques incidents qui peuvent survenir ; ainsi vous les reconnaîtrez, vous saurez comment réagir et éventuellement vous faire aider par un professionnel.Les bouts de seins sont petits, peu saillants
Ils peuvent être rétractés vers l’intérieur. Cela n’empêche pas la mise au sein puisque, pour téter, le bébé étire avec sa langue toute la partie du mamelon et de l’aréole et maintient cette partie bien en place dans sa bouche. Mais le bébé peut avoir un peu de difficulté à placer sa bouche et sa langue. Il est donc important de le mettre au sein à un moment où il est bien calme. Si votre mamelon est vraiment rétracté, vous pouvez avant la tétée l’aider à ressortir par des effleurements.

Mon lait ne convient pas

C’est un cas rarissime. Pratiquement, on peut dire qu’il n’y a pas d’intolérance au lait de la mère.
J’ai trop de lait
Ne le jetez pas, mais donnez-le à un lactarium – centre de collecte du lait maternel. En donnant votre lait, vous augmenterez peut-être les chances de survie d’un bébé fragile ou prématuré. Pour trouver les coordonnées du lactarium de votre région, consultez le site officiel des réseaux de périnatalité ().

Si vous trouvez que l’allaitement ne démarre pas très bien, ne désespérez pas, rien n’est perdu. Prenez contact avec une association de soutien à l’allaitement. Parlez-en avec la sage-femme qui vous suit peut-être dans le cadre du PRADO ; ou adressez- vous à une sage-femme libérale qui peut se déplacer ou à une spécialiste de l’allaitement.

Je n’ai pas assez de lait

Lorsqu’un bébé réclame souvent, la maman pense qu’il ne reçoit pas assez de lait. Si sa croissance est satisfaisante (150 à 200 g par semaine), il a peut-être surtout besoin de sucer, d’être porté, entouré. C’est parfois aussi une difficulté à trouver le sommeil.

La sécrétion du lait est très lente et insuffisante
• Tout d’abord ne pas se faire de souci car il y a un rapport certain entre le moral et la sécrétion du lait, spécialement pendant les premières semaines où la sécrétion de lait est encore irrégulière : plus la mère se fait de souci, moins la sécrétion se fait bien. L’influence de l’état d’esprit est si directe que, pour certains médecins, vouloir forcer une mère à allaiter, c’est courir à l’échec ; au contraire, pour celle qui veut allaiter, tous les espoirs sont permis.
• D’autre part, se rappeler que la fatigue et la douleur diminuent la sécrétion du lait. En ce moment, vous avez besoin de repos.
• Ensuite, se souvenir qu’un moyen efficace pour stimuler la lactation est de mettre l’enfant au sein des deux côtés. On peut aussi porter des coupelles ou utiliser un tire-lait.
• Enfin, ne donner des compléments à l’allaitement au sein que si la prise de poids est insuffisante. Pensez d’abord à compléter avec votre lait, tiré au tire-lait. Le lait infantile sera donné en dernier recours.
S’il était nécessaire de compléter par un biberon, choisissez une tétine ayant un débit lent pour que le lait ne vienne pas trop facilement ni trop vite : le biberon étant plus facile à prendre, le bébé pourrait s’y habituer et refuser le sein, ce qui pourrait compromettre une lactation un peu difficile. Mieux encore, vous pouvez donner le lait à la tasse ou à la seringue, ce qui se fait pour certains prématurés. Cela prend un peu de temps, mais en vaut la peine.
Lorsqu’une maman prend ces précautions, il est rare que la lactation ne se mette pas en route.
Pourtant, au bout de 5 à 10 jours d’essais infructueux, bien des mamans abandonnent, ce qui est dommage, car on peut voir des démarrages d’allaitement très lents : la sécrétion lactée ne se fait régulièrement qu’au bout de quinze jours, voire même trois semaines.

Allaiter me fatigue

La grossesse et l’accouchement sont un gros « travail » et il faut quelque temps pour se sentir en forme. En plus, s’occuper d’un bébé demande de l’énergie. Respectez vos besoins de sommeil. La maman qui allaite a besoin de dormir souvent : des périodes courtes et fréquentes permettent en général de bien récupérer.
Demandez à votre conjoint ou à une personne de votre entourage de s’occuper du bébé entre deux tétées et profitez-en pour faire une sieste. Par ailleurs, vous donnez-vous le temps de prendre vos repas ? Vérifiez aussi que vous êtes bien installée. Si, malgré tout, vous êtes très fatiguée, avant d’envisager le sevrage, parlez-en au médecin, il peut s’agir d’un manque de vitamines et de fer.

Même avec des seins petits, une maman peut avoir beaucoup de lait. Seins abondants et abondance de lait ne sont pas synonymes.

Tire-lait manuel ou tire-lait électrique ?

Il existe des tire-lait manuels qui sont en vente en pharmacie ou parapharmacie – non pris en charge par l’assurance maladie – et des tire-lait électriques dont la location est prise en charge par l’assurance maladie sur prescription d’un médecin ou d’une sage-femme.
Le tire-lait manuel est suffisant pour une utilisation occasionnelle : par exemple, mettre un peu de lait de côté pour une absence brève (quelques heures) et permettre à quelqu’un de votre entourage de donner votre lait au bébé en attendant votre retour.
Le tire-lait électrique est indispensable si votre bébé ne tète pas le sein : séparation, bébé hospitalisé ou pour constituer une réserve de lait en prévision du retour au travail. Il existe des kits double voie : le système de pompage est relié à deux biberons pour tirer les deux seins en même temps. Le double pompage a l’avantage de l’efficacité et stimule plus efficacement la lactation.

Il peut arriver qu’un sein donne plus que l’autre. Cela n’a pas d’importance. Commencez la tétée par celui qui donne moins.

Le démarrage de l’allaitement est douloureux

Dans les jours qui précèdent l’accouchement la sensibilité des mamelons est augmentée pour favoriser les réflexes de fabrication et d’éjection du lait. Il est possible que cette sensibilité persiste chez certaines femmes. Votre installation pour donner le sein, ainsi que celle de votre bébé, sont peut-être aussi à corriger. Veillez à ce que votre bébé prenne bien l’aréole et ne vous fasse pas mal en tétant. En fin de tétée, étalez une goutte de votre lait sur le mamelon (le lait maternel est antiseptique et cicatrisant). Laissez sécher. Gardez les mamelons au sec entre les tétées et demandez conseil en pharmacie pour une crème, il y en a de très efficace.

L’enfant ne peut pas téter

Il n’en a pas la force, parce qu’il est trop faible (cas notamment du grand prématuré). Comme il a tout particulièrement besoin du lait de sa maman, on tire le lait et on le donne au bébé au biberon, à la tasse, ou à la seringue.
Il peut avoir des difficultés à téter parce qu’il est gêné par une malformation (bec-de-lièvre, fente palatine : il existe des tétines spéciales qui vous seront recommandées par les professionnels de santé qui s’occupent de votre bébé) ou par un frein de langue très court, ou parce qu’il coordonne mal les succions-déglutitions, place mal sa langue, etc. Dans le cas du frein de langue trop court, la section de cette petite membrane, placée sous la langue du nourrisson, peut être effectuée par le pédiatre à la maternité ou à son cabinet. Le frein de langue ne gêne pas la succion pour boire au biberon.
Dans les autres cas, le bébé va devoir apprendre à téter ; la sage-femme ou le pédiatre de la maternité vous conseillera. Vous pouvez aussi vous entourer des conseils d’une spécialiste de l’allaitement maternel.

L’enfant ne veut pas téter

Il est né à terme, mais il est somnolent et n’a pas l’air d’avoir faim. Ce cas est fréquent et lorsqu’il se présente, il ne sert à rien de vouloir stimuler l’enfant par diverses manœuvres. L’enfant se « réveille » au bout de 2 à 3 jours et tète normalement. Il est préférable de prolonger votre séjour à la maternité ou de vous faire accompagner quotidiennement par une sage-femme jusqu’à ce que votre bébé tète efficacement et qu’il reprenne du poids. En attendant, pour que la sécrétion lactée se fasse, on peut utiliser un tire-lait.

 
Bébé régurgite beaucoup

En général, les bébés au sein ont moins de rots que les bébés au biberon. Si votre enfant régurgite beaucoup, cela n’a rien d’anormal 
et cela ne justifie pas de le passer au biberon. Il faut le remuer le moins possible après la tétée, le garder vertical un bon moment, lui laisser son bavoir. Cependant, des régurgitations abondantes, répétées et douloureuses, survenant à tout moment (y compris la nuit), font penser à un reflux gastro-œsophagien, particulièrement si elles sont associées à des « malaises », à des crises d’agitation et de pleurs, à des troubles respiratoires (toux nocturne), à un ralentissement de la croissance. Il conviendra de consulter le médecin sans attendre.
 
Bébé tète si énergiquement qu’il a une ampoule à la lèvre supérieure

Ce n’est rien, la petite peau qui recouvre l’ampoule va sécher et s’éliminer toute seule. Mais c’est peut-être le signe que votre bébé serre trop les lèvres : dans ce cas, vos bouts de seins sont sensibles et la prise de poids du bébé est souvent un peu juste. Faites-vous aider par un professionnel ou une association d’allaitement.

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