``Wax in the City``, le docu qui met en lumière une mode africaine émergente

Diffusé ce dimanche 8 juillet sur Paris Première, le documentaire "Wax in the City" vous montre une scène créative africaine en plein boum.

Le wax est incontestablement l’une des tendances phares de ces dernières années, c’est pourquoi Elie Séonnet a décidé de l’illustrer à travers son documentaire "Wax in the City". Ce dernier convie Flora Coquerel, ancienne Miss France franco-béninoise (aujourd’hui mannequin, entrepreneuse et présidente de son association Kelina), à s’atteler au rôle de reporter pour ce projet inédit.

Un documentaire qui retrace les origines du wax

Tout commence il y a un an, lorsque Elie Séonnet constate avec enthousiasme l’émergence certaine de ce tissu que beaucoup considèrent comme africain. Parce que non, contrairement à ce que tout le monde pense, le wax n’est pas originaire d’Afrique. Aujourd’hui considéré comme une tendance, le wax est pourtant resté méconnu en Europe pendant de nombreuses décennies. Vlisco, l’une des plus grosses entreprises de production de wax, s’est installé dès 1946 à Helmond, au Pays-Bas. Mais ce n’est seulement que depuis quelques années que le tissu et son histoire commencent à se faire connaître en Occident. Le wax est un tissu en coton imprimé à la cire, réputé pour ses multiples motifs et ses couleurs vives et solaires. Chaque tissu possède un nom qui est souvent attribué par les vendeuses. Du coup, d’un pays à un autre, les noms varient. C’est en découvrant que des marques telles que Zara, H&M, Monoprix ou Ikea reprennent de plus en plus ce motif dans leurs collections, que le dessein de "Wax in the city" prend forme.

Le wax ou le reflet de la modernité de la création africaine

Aujourd’hui, nous pouvons facilement parler d’une hype autour du wax et cette tendance, nous la devons principalement aux afro-descendants qui ont commencé à en porter en-dehors des événements festifs. Grâce à l’apparition de coupes plus modernes, s’inscrivant ainsi parfaitement dans l’air du temps, il est possible d’en porter au quotidien. Effectivement, à l’heure actuelle, le wax peut prendre la forme de chaussures, robes, bombers ou encore de chemises. Enfin, le succès d’une marque telle que Maison Château Rouge – qui affole toutes les fashionistas parisiennes – vient témoigner du succès de ce tissu.  Cependant, si le wax est principalement porté par des personnes originaires d’Afrique, Flora et tous les designers qui apparaissent dans le documentaire sont unanimes : il n’est pas réservé à des personnes à la peau noire. Bien au contraire, Shade Affogbolo, la fondatrice de Nash Prints insiste sur son envie de démocratiser ce tissu. C’est d’ailleurs avec un immense sourire qu’elle confie à Flora avoir réussi à vendre une doudoune en wax à une touriste blanche de Russie. "De nombreuses personnes refusent de porter du wax car il y a un esprit assez colonial derrière. Ce sont les Hollandais qui se sont inspirés des batiks javanais mais de nos jours, il y a des alternatives et si on souhaite acheter du wax made in africa, c’est possible", explique Flora.

Le wax au cœur des polémiques de l’appropriation culturelle

En effet, en discutant avec plusieurs acheteurs, nous nous sommes rapidement rendu compte que, par peur d’être accusés d’appropriation culturelle, de nombreux consommateurs se retenaient d’acheter du wax. Il y a une véritable polémique au sein de la sphère mode. En octobre dernier, Stella McCartney était vivement pointée du doigt avec sa collection inspirée du continent africain. Ses silhouettes étaient associées au fameux pagne hollandais, mais le problème était autre part, telle que nous le confie Flora. "La créatrice créait la polémique en reprenant allègrement des coupes traditionnelles africaines, tel que le Kaba camerounais, sans donner aucun crédit à celui-ci. Ce n’est pas l’utilisation du wax qui posait problème", explique-t-elle. Elle poursuit : "L’appropriation culturelle commence lorsqu’on copie une culture sans lui rendre hommage. Heureusement, de plus en plus d’acteurs, que ce soit des marques de prêt-à-porter ou des vendeurs de tissus essayent de travailler avec des créateurs africains. On s’inspire tous de notre voisin, là n’est pas le problème. Tant que les créateurs et producteurs de tissus travaillent en collaboration avec les créateurs africains, la question d’appropriation culturelle ne se pose plus".

La Dakar Fashion Week, l’événement incontournable de la sphère mode

Grâce à ce documentaire, nous découvrons également la Dakar Fashion Week qui est devenue au fil des années le rassemblement mode le plus important du continent africain. Son effervescence culturelle ainsi que son éclectisme ont su séduire de nombreux designers qui choisissent de présenter leurs collections au cours de cet événement annuel. "Voir des créations aussi diverses et des finitions aussi travaillées vient prouver que l’Afrique ne se cantonne pas à une mode folklorique mais que la jeunesse créative est tout aussi talentueuse que les jeunes européens. Il y a un réel savoir-faire. Certes beaucoup de designers font leurs armes à Paris ou à Londres mais ils se décident de plus en plus à revenir dans leur pays natal pour lancer leur marque, et c’est très positif", poursuit Flora. Il existe également des Fashion Weeks en Afrique du Sud, Algérie, Congo ou encore au Nigéria. Seulement, elles restent encore trop méconnues et pas assez prises au sérieux par les journalistes mode internationaux.

"Wax in the city", un docu qui montre une Afrique qui bouge et une scène créative émergente

"Le wax est très tendance aujourd’hui et c’est une bonne chose. Mais il a une histoire derrière et il faudrait commencer à se questionner sur comment aider ces petits artisans", explique Flora. "Wax in the city" souhaite mettre en lumière la mode africaine ainsi que ses talentueux designers et artisans (qui ne gagnent souvent rien avec leur création). Ce documentaire tend également à montrer une Afrique en plein bouillonnement et une scène créative émergente afin aussi de prouver que ce continent n’est pas forcément synonyme de difficultés économiques. "En fait, on montre l’Afrique que l’on connaît et c’est très important de le faire", vient ajouter Flora. Enfin, lorsqu’on lui demande quelles sont ses attentes concernant la mode, elle nous répond qu’elle souhaiterait qu’elle "continue à s’ouvrir car il y a encore une sous-représentation des mannequins noires ou métisses. La mode, c’est le dessein de notre société : elle est plurielle et ses frontières ne cessent de s’ouvrir. J’ai hâte de voir de quoi elle sera faite demain".

Bannir de sa garde-robe les copies des marques au succès international pour ne pas citer Zara qui ne cesse de piller les cultures sans aucune vergogne permettra d’aider l’artisanat local et participera ainsi au développement de la mode africaine. Vous savez ce qu’il vous reste à faire.

 

Source: konbini.com