Journée mondiale de la drépanocytose : la thérapie génique, un espoir de traitement

Une piste pour traiter la drépanocytose est encourageante : elle repose sur l’activation d’un gène pour assurer la fonction du gène défectueux responsable de la maladie. 

Drépanocytose : la thérapie génique, un espoir de traitement

Le 19 juin 2020 est la journée mondiale de lutte contre la drépanocytose. Cette maladie génétique du sang est très fréquente et touche une naissance sur 1 900 en France d'après l'Inserm1. Elle affecte l’hémoglobine des globules rouges qui est essentielle à la fonction respiratoire car elle permet le transport de l’oxygène et élimine le dioxyde de carbone.

Chez les patients atteints de drépanocytose, l’hémoglobine est altérée. Résultat : les globules rouges, à cause d’une concentration en oxygène diminuée, prennent une autre forme, provoquant des symptômes : une anémie, des crises douloureuses vaso-occlusives et un risque accru d’infections.

Aucun traitement, sauf la greffe de moelle osseuse ne guérit la drépanocytose. L’hydroxycarbamide qui diminue l'occurrence des crises douloureuses est particulièrement efficace chez les enfants. Ce médicament agit à plusieurs niveaux dans la prévention des vaso-occlusions. S’il permet d’améliorer la qualité de vie, son efficacité peut diminuer avec l’âge. Le seul traitement curatif disponible est la greffe de moelle osseuse. Elle contient des cellules souches qui donnent naissance à des cellules sanguines dont les globules rouges. Les espoirs portent aussi sur la thérapie génique qui consiste à “greffer” un gène sain de la bêta-globine dans les cellules souches hématoïétiques des malades.

Un nouvel espoir de traitement

Un communiqué de l’Institut Imagine2 informe que l’équipe d’Annarita Miccio de l’Inserm, de l’Hopital Universitaire Necker-Enfants malades AP-HP, de l’université de Paris et de l’Institut Imagine, ouvre une nouvelle piste de traitement de la drépanocytose. Dans cette pathologie, le gène de la globine-β est muté, entraînant l’altération de l’hémoglobine, qui transporte l’oxygène et les globules rouges. Le but ici est de “proposer une approche nouvelle contournant ces difficultés”.

“Au lieu de remplacer le gène de la globine-β défectueux, il s’agit d’aller activer un gène de remplacement qui se trouve déjà sur place, celui de la globine-γ produite au moment du développement fœtal”. Pour en venir à cette piste, les chercheurs ont observé les personnes porteuses de la mutation à l’origine de la drépanocytose mais qui ne développaient pas la maladie car la globine-γ était toujours produite suite à une seconde mutation génétique “qui annulait l’effet de la première”.

Ainsi, “cette globine-γ compense chez ces adultes le défaut en globine-β” informe Annarita Miccio. “Sa réactivation chez les patients drépanocytaires permettrait de remplacer la globine-β mutée par la globine-γ”. Pour s’y prendre, les chercheurs utilisent “des ciseaux génétiques” pour “réactiver la synthèse de globine-γ et de corriger le phénotype drépanocytaire dans les cellules”.

Des résultats encourageants

Les chercheurs sont satisfaits des résultats qu’ils ont obtenus in vitro en culture cellulaire. La restauration de la production globine-γ était “à des taux suffisants pour être envisagés à l’avenir en protocole thérapeutique”. “Il s’agit désormais de passer aux essais précliniques pour pouvoir ensuite envisager les essais cliniques” peut-on lire dans le communiqué. “Cette nouvelle approche de thérapie génique devrait à terme pouvoir bénéficier à un plus grand nombre de patients, un enjeu majeur au vu du nombre de personnes concernées”.