CAN 2022 Féminine: l’Ivoirienne Clémentine Touré, symbole de persévérance

Clémentine Touré est l’emblématique sélectionneuse de l’équipe féminine de Côte d’Ivoire. Même si les Ivoiriennes ne se sont pas qualifiées pour la CAN 2022, la réputée technicienne, qui a gagné la CAN 2008 et disputé la Coupe du monde 2015, n’aurait manqué cette Coupe d’Afrique des nations au Maroc sous aucun prétexte. Rencontre.

De notre envoyé spécial à Rabat,

Où Clémentine Touré, l’une des coaches les plus réputées du continent, pouvait-elle bien être en ce mois de juillet 2022, si ce n’est à la Coupe d’Afrique des nations féminine (CAN 2022) ? Durant cette phase finale au Maroc, l’Ivoirienne de 45 ans suit en effet les matches. Mais depuis les tribunes... Et pour cause : son équipe de Côte d’Ivoire s’est heurtée à celle du Nigeria, en qualifications. « C’est toujours douloureux quand on ne se qualifie pas pour ce genre d’événement international », soupire celle qui fait partie du groupe d’étude technique de la CAF durant le tournoi.

Douloureux, surtout lorsque c’est le troisième échec de de suite, après des participations aux éditions 2012 et 2014 et à la Coupe du monde 2015. « Evidemment, j’ai très mal, ajoute l’intéressée. C’est vraiment difficile à vivre comme situation. Mais, à un moment donné, lorsqu’il y a des difficultés, il ne faut pas abandonner les enfants en lesquels tu as eu confiance et qui ont aussi eu confiance en toi ».

Autrement dit, Clémentine Touré, qui cornaque les Eléphantes depuis 2010, n’est pas prête de rendre son survêtement. « Je ne suis pas vraiment inquiète par ces résultats, relativise-t-elle d’ailleurs. Il y a de la qualité chez nous. Il y a eu des soucis au niveau de l’organisation, des choses qui ont manqué à l’équipe nationale. Mais nous n’avons pas réussi et nous nous remettons en cause. […] Et nous continuons de former de bonnes joueuses, comme Rosemonde Kouassi qui a été élue meilleure espoir du Championnat de France de première division ».

« Mon père me pourchassait sur les terrains de foot »

Clémentine Touré ne semble pas du genre à renoncer. Lorsqu’elle était jeune, pour vivre sa passion, elle a par exemple dû composer avec l’opposition de son père, pourtant ancien joueur pro à l’ASEC Mimosas. « Malgré cela, il s’est toujours opposé au fait que je joue au football. Mon père a même empêché mon grand frère de jouer au foot. Il voulait que je réussisse dans les études, raconte la native de Ferkessédougou (nord de la Côte d’Ivoire). Dans les années 1980 et 1990, le football n’était pas aussi reconnu que maintenant. Et une femme qui joue au foot, ce n’était pas sa conception ». Au point de provoquer parfois sa colère. « J’ai été plusieurs fois bastonnée sur les terrains de foot, en rit-elle presque. Il me pourchassait sur les terrains ».

Même lorsqu’une opportunité en or s’est présentée à la jeune femme, son père est venu lui rappeler la devise familiale : les études d’abord. « Je n’ai pas eu une pratique de joueuse de très haut-niveau, estime ainsi Clémentine Touré. J’ai joué au Ghana et en Côte d’Ivoire. En 1998, j’aurais pu aller aux États-Unis, dans une équipe universitaire. Mais il y avait le concours de l’Institut national de la jeunesse et des sports d’Abidjan ». LIRE PLUS SUR rfi.fr