Sida : comment en parler avec son ado alors que la vigilance baisse chez les jeunes ?

Alors que le festival Solidays ouvre ses portes vendredi à Paris pour 3 jours de concerts mais aussi pour parler de lutte contre le VIH, les adolescents semblent de moins en moins sensibilisés à cette question. Comment aborder le sujet en tant que parent ? Comment parler du VIH, du sida et plus globalement de sexualité avec son adolescent, à l'heure où les réseaux sociaux peuvent avoir une influence dévastatrice ? D'abord, on peut commencer à évoquer ces thématiques dès l'âge de 14/15 ans. Même si l'âge du premier rapport sexuel n'a pas changé et tourne toujours autour de 17/18 ans. Car la découverte de son corps et de certaines expérimentations débute avant.

Parler de manière positive

"Ainsi, il faut changer le discours qu'on leur tient, trop souvent moralisateur, culpabilisant, ou anxiogène. Un discours qui s’accompagne d’injonctions : 'ça, il faut le faire', 'ça, il ne faut pas le faire', or chez l’adolescent en quête de transgression, ce message ne passe pas. Ensuite, la sexualité est un état de bien-être physique et moral. Il est donc essentiel d'en parler de manière positive et d'aborder après tous les risques et la façon de s'en prémunir".

Créer un espace de confiance

"On ne va pas se mentir, c'est souvent un sujet tabou dans les familles, de part et d'autre. C'est aussi difficile pour les parents que pour les enfants d'en parler. Il est donc important de créer un espace de confiance , bce qui est valable pour toutes sortes de thématiques d'ailleurs- et de sentir qu'au moment où eux le décident, où ils ont envie de poser une question, la porte est ouverte".

Dialoguer

Pour notre spécialiste, le réflexe des parents consiste trop souvent à glisser un préservatif dans les affaires de son ado. Ce qui n'est pas forcément la meilleure des choses : "Car ça ne va pas forcément faciliter le dialogue entre l'adolescent et le parent. Il ne faut pas s'empêcher de le faire pour autant mais tout en donnant ce préservatif, il faut dialoguer. Dire par exemple : 'j'ai été moi aussi adolescent, si tu souhaites en parler, je suis là". Ou encore : 'je comprends que cela puisse être difficile mais sache que je suis tout à fait prêt si tu as une question à y répondre'. Et pour l'ado, le simple fait de savoir qu'il peut en parler est hyper important".

Se renseigner

"Mais si vous sentez une trop grande gêne chez votre ado, n'insistez-pas. Ce sera peut-être plus simple pour lui de s'adresser à des personnes dont c'est le métier. Il faut donc absolument identifier dans la ville où vous habitez quels sont les lieux de prévention : associations, centre de dépistage, planning familial... et lui indiquer qu'il peut y aller, même s'il est mineur. Il faut rendre le jeune acteur de sa stratégie de prévention. N'oublions pas qu'on parle de sa santé sexuelle, et donc de son corps et de sa vie affective. Il faut se renseigner aussi sur les outils de prévention. Votre ado entendra un jour parler d'autotest, et il faudra que vous soyez en capacité de lui expliquer de quoi il s'agit. Sinon vous prenez le risque de louper une occasion de discuter du sujet avec votre enfant".

Rester vigilant

"Pour autant, il ne s'agit pas de tout déléguer. En tant que parent, il faut garder une certaine vigilance vis à vis de son ad. Par exemple, ma recrudescence des cas de cyberharcèlement est typiquement le genre de sujet que le parent doit absolument aborder. On sait aussi qu'à travers le numérique les jeunes peuvent avoir accès à des films pornos et donc, même s'ils ne sont pas actifs, ils ont déjà une vision de la sexualité. Il faut insister notamment sur les notions de consentement. Apprendre à sa fille à savoir dire non. Dire au garçon qu'on ne peut pas imposer quelque chose. Et faire fi du chantage affectif que le garçon sera tenté d'instaurer en disant par exemple : 'si tu ne veux pas c'est que tu ne m'aimes pas'. C'est typiquement, le genre de discours qu'il faut déconstruire auprès de sa fille".