RD Congo : le pagne Invité d’honneur à la Fondation Cartier

Le pagne, marqueur social majeur  et un des éléments de base de l’habillement dans de nombreux pays en Afrique noire, a été l’invité l’honneur à la Fondation Cartier à Paris, ce samedi 18 juillet, au travers d’un défilé haut en couleur et en musique pour raconter l’histoire de ce rectangle de tissu qui habille à merveille le corps de la femme africaine en générale et de la femme congolaise en particulier.

Césarine Sinatu Bolya en partenariat avec l’association Mémoires Vives Congo Afrique ont organisé ce samedi 18 juillet, à la Fondation Cartier, un défilé intitulé « le pagne dans tous ses états. ». Césarine Sinatu Bolya a retracé l’histoire du pagne en onze magnifiques tableaux allant de la « Nudité parée » car au XVème siècle, le vêtement était réservé pour les grandes occasions, en passant à la fois par « les nouveaux codes de pudeur » à partir de 1875 avec la colonisation et l’avancée des religions chrétiennes et musulmanes et « le wax print et l’Afrique, une histoire d’amour » avec l’arrivée des Hollandais et la célèbre signature en lisière du pagne : Guanranteed Real Dutch Wax Prints.

Si l’homme africain a adopté le costume européen, la femme, elle, continue d’exprimer son élégance grâce à ce rectangle de tissus. Chaque pagne a son nom, sa signification. Et quel bonheur de voir défiler, sur le podium installé dans le jardin de la Fondation Cartier, « la femme ndumba » sur la chanson Ndumba Bondole,  Mbanda na ngai de Mbilia Bel ou bien sur celle de Lucie Eyenga.

A partir de 1940, le droit est accordé aux femmes de se constituer en association. Ainsi, les veuves, les divorcées et les célibataires considérées comme étant « la femme ndumba » se constituent en véritables sociétés d’élégance. Séduisantes et mettant en valeur toute leur grâce, la « femme ndumba » est  en opposition à la femme mariée. 

Continuons notre voyage à travers l’histoire du pagne sur le podium en face du Café Kitoko dans le jardin de la Fondation. Nous sommes en 1960, le Congo belge devient un Etat indépendant, c’est l’époque de la Négritude et du Black Power,  le retour à l’authenticité, aux valeurs africaines. Le pagne devient, alors,  un support de communication politique et un symbole de l’identité nationale avec l’abacost.

Le régime de Mobutu incite à « consommer local », le pagne est, ainsi,  produit au Zaïre et les tenues des congolaises sont reprises par des artistes telles que Myriam Makeba. Progressivement, le pagne a participé à la création d’une identité noire jusqu’aux Etats-Unis, sortant ainsi de son exception africaine pour influencer la mode internationale.

Le pagne, ce rectangle de tissu qui recouvre le corps de la femme congolaise, habille aussi sa tête. Après, avoir enfilé un corsage « libaya », la femme se drape soit d’un pagne soit deux qu’elle superpose. Il aussi bien être porté long ou au dessus des mollets.

Chaque pagne à son nom inspiré de la vie quotidienne et de l’actualité : Mon mari est capable, Myriam Makeba, Mapalaki, la mallette de Michèle Obama, Zamba Zamba, Libanga ya diamant, Table Ronde et Ya Mado. Et là, tous sur le podium :…Oh, Ya Mado, nioso ya yo. Mado, femme africaine ! L’Extase !

Mais avant la danse collective de Ya Mado, un sapeur, certainement de la religion du pagne « Kimbundi » est monté, sur le podium, tout de pagne vêtu, pour un défilé des plus mémorables en dansant « Danse makolo pasi ».

« Le pagne dans tous ses états » a su redonner ses titres de noblesse ce rectangle de tissu qui sait si bien embellir la femme africaine en générale et la femme congolaise en particulier.

 

 

Source : œildafrique